MC Solaar: du tag au rap
Le rap, c’est MC Solaar. Claude M’Barali, de vrai nom,
est né à Dakar,au Sénégal, mais il a
toujours vécu dans la banlieue parisienne: la banlieue, c’est son
royaume. Il est devenu maître de cérémonie (MC), la
plus haute distinction du rap.
Interview avec le magazine OKAPI (Date inconnue)
Okapi
D’où vient votre nom, MC Solaar?
MC Solaar
Les initiales MC signifient un maître de
cérémonie. Il me fallait un surnom. Un jour, en faisant un
tag sur un mur, j’ai marqué « Soar». Ce mot m’a plu,
mais j’ai eu peur que l’on me dise « Bon Soar, qu’est-ce que tu fais
ce Soar?» Alors j’ai rajouté un «l» puis un autre
«a». J’aime la sonorité de Solaar, car elle évoque
le soleil.
Okapi
Comment tout cela a-t-il commencé pour vous?
MC Solaar
Au debut, j’écrivais des petits bouts de texte.
En 1988, à Paris et en banlieue, il y a tout un foisonnement autour
du rap. Dans un petit concert, j’ai rencontré Jimmy Jay. Il était
disc-jockey. On s’est tout de suite bien entendus, on avait les mêmes
goûts musicaux. On s’est dit: «Le rap en français, pourquoi
pas?» On a eu envie d’apporter du nouveau, et on l’a fait grâce
à l’humeur, dans Bouge de là. L’humour est très efficace
pour dire tout ce qui vous tient à cœur.
Okapi
Comment trouvez-vous les paroles de vos chansons?
MC Solaar
J’adore les mots. J’essaie de mettre la phrase en rythme.
Ce que je cherche à exprimer, c’est de la sincérité.
Le rap permet de raconter une histoire. Les mots sont débités
très vite, mais il n’y a pas de refrain qui rompe le rythme.
Okapi
Comment définiriez-vous le rap?
MC Solaar
C’est un moyen d’expression, de communication et de cohésion
pour les jeunes. Je crois que le rap français doit être différent
du rap américain, moins revendicatif. moins provocant. Il faut qu’il
évolue, il faut toujours essayer d’aller un peu plus loin. J’aimerais
aussi que les filles soient un peu plus nombreuses à faire du rap.
Okapi
Vers quoi avez-vous envie de faire évoluer le
rap?
MC Solaar
J’aimerais amener le rap vers une nouvelle musicalité,
grâce au jazz. Pour moi, le jazz est la musique des véritables
mélomanes il peut apporter beaucoup au rap. Le renouveau du rap
viendra des musiciens. J’aime beaucoup jouer sur scène avec eux.
Okapi
Qu’avez-vous envie de faire à propos du malaise
des banlieues?
MC Solaar
Je trouve que les banlieues manquent cruellement d’espaces
de convivialité, de cinémas, d’équipements sportifs,
de lieux de dialogue, de points de rencontre. Aujourd’hui, il faut vraiment
une situation exceptionnelle, comme une inondation ou un incendie pour
faire connaissance avec ses voisins.
Propos recueillis par Jean-Paul Burias
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